La semaine 4 jours : une bonne idée ?
Dans cet article nous allons analyser cette nouvelle pratique qui voit le jour et qui commence à être de plus en plus utilisé en entreprise : La semaine de 4 jours.
Comment est-il possible de travailler seulement 4 jours par semaine alors que pour beaucoup de salariés, leur temps complet est réparti sur 5 jours ? Quelles sont les modalités, les avantages, les inconvénients, les aspects légaux… ?
Vous trouverez les réponses à ces questions ci-dessous ainsi que quelques exemples de cette mise en place.
Qu’est-ce que la semaine de 4 jours ?
Pour certains salariés dans des situations particulières (temps partiel, mi-temps thérapeutique…), la semaine de 4 jours est déjà en place puisque cette population de salarié n’est pas à temps complet. Pour rappel, en France, on appelle un salarié à temps complet un salarié qui a un contrat de travail indiquant un temps de travail au minimum égal au minimum légal soit 35h00 hebdomadaire ce qui équivaut à 151.67h mensuel.
Pour les salariés à temps complet (hors cas particuliers : astreintes, travailleurs de nuits, domaine de la restauration/du commerce...), la semaine s’organise généralement du lundi au vendredi avec des horaires allant de 8h00 à 18h30.
L’idée de cette semaine de 4 jours est de pouvoir garantir aux salariés un jour de repos en plus du weekend. Ce jour peut être fixé librement par l’employeur et il peut être différent selon les collaborateurs. Le jour définit pourra permettre entre autres de partir plus tôt en weekend, de reprendre la semaine plus tard ou bien d’avoir un jour de coupure au milieu de la semaine.
Que dit la loi sur le temps de travail ?
Celle-ci proposait de passer à 32 heures avec une obligation de recruter au moins 10 % de salariés en CDI. En échange, les entreprises bénéficiaient d’un allègement des cotisations patronales de la Sécurité sociale. Cependant, cette loi a été remplacée par la loi Aubry et le passage aux 35 heures durant l’année 2000.
Pour le temps de travail :
Comme indiqué ci-dessus, la durée légale de travail en France est de 35 heures par semaine, soit 151.67 heures par mois et 1607 heures par an.
Cependant, en fonction des entreprises et des secteurs d’activités, le temps de travail peut évoluer différemment. Par exemple, un salarié peut travailler 39 heures par semaine, en bénéficiant de RTT (Réduction Temps de Travail), le salarié dispose de 4 heures par semaine à récupérer. Le nombre d'heures maximum légal est de 48 heures par semaine. La somme des heures travaillées ne doit pas dépasser 1607 heures annuelles. Les heures supplémentaires sont majorées de 25 % pour les 8 premières heures et de 50 % pour les suivantes. La limite maximale des heures supplémentaires est fixée à 220 heures par an par salarié soit 1827 heures par an.
Pour la semaine de 4 jours :
Etant donné que le système des 4 jours hebdomadaire est encore peu utilisé en France, la règlementation Française n’est pas définie pour le sujet. En revanche, certains points sont à respecter.
Lors de la mise en place de la semaine de 4 jours, l’employeur aura 2 choix principaux pour modifier l’organisation du travail de ses salariés tout en respectant la réglementation énoncée précédemment :
- Choix n°1 :
Réduire le nombre d’heures de travail de ses salariés. En effet, afin de poursuivre dans les aspects positifs de ce système à savoir l’équilibre vie professionnelle et personnelle et la productivité notamment, l’employeur peut faire le choix de réduire le nombre d’heures travaillées afin de réduire le nombre de jours travaillés dans la semaine sans pour autant augmenter le nombre d’heures dans une même journée.
Afin que le salarié ne soit pas impacté négativement du point de vu salarial, l’employeur peut faire le choix de maintenir le niveau de rémunération de ses salariés. Concrètement, cela se traduirait par une augmentation du taux horaire.
Dans l’hypothèse où l’employeur utilise cette méthode mais sans assurer le maintien de la rémunération, les salariés mécontents risqueraient d’être moins productifs voir de quitter la société. Cela entrainerait donc une perte de compétences, un risque de démotivation des salariés ainsi que des coûts supplémentaires liés aux recrutements de nouveaux salariés par exemple. En bref, dans ce cas, le changement aura pour conséquences l’inverse des effets escomptés.
Exemple :
Concrètement, prenons l’exemple d’une société composé de 3 salariés embauchés à un salaire de 2500€ brut mensuel soit 16.48€ brut/heure pour un temps complet soit 151.67h mensuel.
Le dirigeant de la société décide de fermer sa société le jeudi soir à la place du vendredi soir et donc de faire passer ses salariés à la semaine de 4 jours : du lundi au jeudi.
S’il fait le choix d’appliquer ce principe de manière favorable aux collaborateurs, le taux horaire de ses salariés passera donc de 16.48€ brut/heure à 18.02€ brut/heure. De plus, les salariés travailleront donc 8h00 par jours à la place de 7h00, ils cumuleront donc une journée de congés payés en plus.
Grace à cette augmentation du taux horaire, les salariés passeront de 35h00 hebdomadaire à 32h00 hebdomadaire tout en conservant leur rémunération mensuelle. Cependant, cette méthode a un coût pour l’employeur qu’il doit prendre en compte afin de ne pas se mettre en difficulté par la suite.
- Choix n°2 :
Conserver le même nombre d’heure de travail mais en augmentant l’amplitude horaire journalière. Cette méthode aura pour effet d’augmenter la charge de travail des salariés sur leurs 4 jours de travail. En contrepartie, ils conservent leur niveau de salaire, leurs avantages… et bénéficie d’un jour de repos supplémentaire.
Cette technique n’a donc aucun impact financier, du moins sur les salaires, pour l’employeur.
Exemple :
En reprenant la situation de départ de l’exemple ci-dessus, dans ce cas, les salariés travailleront toujours 35h00 mais répartis du lundi au jeudi ce qui représenterait 8.45h par jours de travail effectif. En plus de ces 8h45, il faut prévoir une pause déjeuner. En prenant 1h de pause déjeuner et en commençant à 8h00, les salariés finiront leur journée à 17h45.
Avec cette méthode, il est certain que les salariés travailleront plus longtemps au cours d’une même journée mais partiront, dans cet exemple, en weekend un jeudi soir.
Quelque soit la méthode retenue, la direction, les RH et/ou les managers se devront de respecter la règlementation concernant la durée du travail.
De la même manière, l’entreprise ne sera pas nécessairement obligée de fermer une journée entière. Comme indiqué, les jours « off » pourront être alternés afin de conserver une présence du lundi au vendredi.
Les avantages de la semaine de 4 jours
Selon plusieurs études et les sondages qui ressortent des entreprises qui l’ont déjà mis en place, la semaine de 4 jours comportent certains avantages non négligeables pour l’entreprise comme pour le salarié.
Pour l’employeur : |
Pour le salarié : |
-Augmentation de la productivité des salaires -Diminution des absences (L’entreprise espagnole Software Delsol a instauré la mesure en 2020 auprès de ses 181 salariés. -Marque employeur attractive / salariés satisfaits de leurs conditions de travail / attraction de potentiels futurs collaborateurs -Réduire l’impact énergétique et les coûts liés en réduisant l’utilisation de l’énergie (éclairage, eau, électricité, déplacements en voiture…) |
-Equilibre vie professionnelle / vie personnelle -Disposer d’un jour de repos par semaine en plus -Satisfaction des conditions de travail -Travailler dans une société soucieuse de l’environnement et de son impact énergétique -Economie sur les frais de trajets |
Les inconvénients de la semaine de 4 jours
En revanche, la semaine de 4 jours n’a pas que des avantages, certains inconvénients sont à prendre en compte avant de franchir le cap.
Pour l’employeur : |
Pour le salarié : |
-Augmentation des coûts liés au maintien du niveau de salaire (dans l’hypothèse ou l’employeur passe à la semaine de 32h00 et maintien le niveau de salaire) -Potentielle perte de parts de marché (dans le cas ou la société ferme totalement le « 5ème jours ») -Temps et énergie liés à la réorganisation du travail, des plannings, à la communication interne et externe, aux éventuelles formations en optimisation… -Impossibilité de réunir tous ses collaborateurs en même temps |
-Perte de salaire (dans le cas d’une diminution du temps de travail) -Avoir une charge de travail journalière plus importante (dans le cas du maintien de la durée du travail) -Décrochage ou non suivi de dossiers selon le jours non travaillés / Perte d’informations lié à l’absence / Manquer des événements…
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Quelques exemples d'entreprises qui pratiquent la semaine de 4 jours
- Exemple avec diminution du temps de travail et augmentation du taux horaire :
L’entreprise LDLC a fait le choix de réorganiser le travail en passant sur la semaine de 4 jours en passant de 35h00 hebdomadaire à 32h00. Malgré cette diminution du temps de travail les salariés n’ont pas pour autant perdu de salaire.
Il en est de même pour la société ELMY qui elle est passée de 39h00 à 32h00 hebdomadaire mais sans perte de salaire pour les salariés.
- Exemple avec diminution du temps de travail et maintien du salaire
La société ACORUS a fait elle aussi le choix de passer à la semaine de 4 jours en diminuant son temps de travail sans perte de salaire. Les salariés sont passés de 39h00 sur 5 jours à 35h00 sur 4 jours. Ils travaillent donc 45 minutes de plus par jours et disposent d’un jour de repos supplémentaire.
Globalement, pour l’ensemble des entreprises ayant mis en place ce système de semaine de 4 jours, le jour « off » n’est ni le mardi, ni le jeudi car se sont des jours ou tous les collaborateurs doivent être au bureau afin de pouvoir participer aux réunions ect. De plus, dans la plupart des cas, l’employeur s’arrange pour que sa société reste ouverte toute la semaine en effectuant un roulement des jours « off ».
Concernant les autres pays, la Belgique opte pour la semaine de 4 jours mais sans réduction du temps de travail, l’Islande a mis en place la semaine de 4 jours depuis 2015, le gouvernement japonais encourage la semaine de 4 jours, en Espagne la semaine de 4 jours passe au test des 32h.
Malgré les pays voisins qui avancent sur la mise en place et la généralisation de ce mode de fonctionnement, la France elle reste encore frileuse vis-à-vis de ce système.